Éditorial de lucienne magalie pons
Il est assez surprenant de prendre connaissance des réactions et analyses de la presse européenne en présence de la révolte Égyptienne. Pour certains journalistes les européens auraient tendance à étudier les régimes plutôt que les pays, - la population et pas seulement les puissants – en expliquant que nos choix politiques auraient été meilleurs si nous nous étions pas limités à soutenir depuis trop d’années des régimes « amis » hostiles à leurs populations .Une sorte de méa culpa à retardement qui surgit bien a propos !
Pour d’autres, dans le monde arabe, l’occident a trop longtemps sacrifié les « droits de l’homme » à la stabilité, pour un peu de profit, un peu de stabilité, un peu de paix, l’Occident aurait fermé les yeux sur la violation des principales valeurs politiques et omis d’imposer des limites à leurs alliés.
Pour d’autres encore, ils expliquent que c’est parce qu’il n’y a pas d’opposition « séculière » organisée en Egypte contre la politique répressive du régime Moubarak que l’Europe et les Etats-Unis réagissent ont réagi trop timidement aux « évènements » en Egypte, et soulignent le ton modéré adopté par les Etats-Unis et les trois « grands » de l’UE (France-Allemagne-Grande Bretagne) à l’égard du Président Egyptien Moubarak, en demandant la transition vers un régime démocratique.
Les journalistes européens dans l’ensemble soulignent que les États-Unis et l’Europe ont pris leur distance du Président Hosni Moubarak et constatent que l’Occident lâche Moubarak , mais ils estiment qu’il est nécessaire d’empêcher l’Islamisation de l’Egypte.
Certains argumentent en évoquant le risque important que les « Frères musulmans » fondamentalistes remplissent le vide à plus ou moins long terme, ce qui serait une catastrophe soulignent-ils, …en rappelant que les islamistes n'ont rien à faire ni de la démocratie ni des droits de l'homme et du citoyen, qu’ils menacent la paix avec Israël et pourrait s'allier avec l'État iranien, tout en regrettant que les Occidentaux refusent d’accentuer leur pression pour la formation d’un gouvernement transitoire ….
D’après eux il ne faut pas abandonner les Égyptiens laïcs qui risquent depuis déjà des jours leur vie pour provoquer la chute de la dictature Égyptienne.
Aucun de ces journalistes qui commentent la révolte Égyptienne ne se risquent à décrire quelle pourrait être les solutions européennes, c’est bien beau d’évoquer le risque d’une islamisation de l’Égypte en plaidant qu’il ne faut pas que les occidentaux abandonnent les Égyptiens laïcs, mais tout ceci reste très théorique et le lecteur aimerait bien savoir comment ?
Eh bien avec une parfaite hypocrisie européenne, les journalistes dans leur ensemble considèrent que c’est au gouvernement américain d’user de son influence pour mettre en échec les islamistes dans le chaos Égyptien, d’après eux Washington n’a pas intérêt à souffrir une déstabilisation de la plus grande nation arabe
D’après un quotidien européen : "Le président américain Barack Obama doit choisir entre peste et choléra en Egypte. Sur le plan moral, son gouvernement devrait se ranger unanimement du côté du peuple. … D'un point de vue géostratégique, Washington n'a au contraire pas le moindre intérêt à une déstabilisation de la plus grande nation arabe. … Si les États-Unis assistent avec passivité aux futurs évènements, ils courent le risque que des forces extrémistes s'accaparent la révolution »
Enfin la presse européenne bien pensante n’évoque pas les raisons profondes pour lesquelles l’Europe a fermé les yeux sur les régimes dictatoriaux des pays « amis » hostiles à leurs populations, il est facile de comprendre que pour les dirigeants de l’Europe libérale l’argent n’a pas d’odeur, et qu’elle n’agite ses considérations sur les droits de l’homme que pour cacher sa cupidité.
Et une fois encore elle se défile pour laisser à l’Amérique le soin de régler la question
