Relais d'information
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Transcription de l'entretien :
"JW : Bonjour Monseigneur Aupetit, merci d'avoir accepté notre invitation, ... l'homme dont ont a parlé cette semaine, et dont on continuera à parler sans doute, le Colonel Arnaud Beltrame a agi en gendarme et en chrétien a dit sa femme, est-ce selon vous c'est aussi sa foi qui l'a amené à agir jusqu'au sacrifice de sa vie ?
Mgr.A: Bonjour tout d'abord .., et oui bien sûr , je ne sais pas quelle est sa motivation, on ne peut pas savoir, simplement aujourd'hui c'est Vendredi Saint et nous sommes particulièrement touchés par quelque chose, c'est que nous croyons que le Christ a donné sa vie par amour et quelque part il y a quelque chose comme ça dans ce geste, ce geste qu'on a dit héroïque, mais qui est capable effectivement de se mettre à la place de quelqu'un , de risquer sa vie, parce que évidemment il n'a peut-être pas voulu mourir bien sûr, mais il a quand même risqué sa vie il savait qu'il risquait sa vie pour sauver une personne, et nous évidemment ça nous touche tout spécialement , nous chrétiens parce que c'est le fondement même de notre foi.
JW : Le Président Emmanuel Macron dans son hommage aux Invalides a beaucoup évoqué, insisté, sur l'exemplarité de ce qu'a fait cet homme, est-ce pour vous aussi , pour les chrétiens, pour l'Eglise, et bien en quelque sorte le Colonel Beltrame peut devenir un exemple, un modèle ?
Mgr.A: Ah c'est sûr que c'est un exemple dans un monde qui se recroqueville sur soi, égoïste, le fait de savoir s'occuper des autres, avoir le souci des autres au point de risquer sa vie, c'est incontestablement un exemple pour les Chrétiens tout spécialement , mais pas seulement pour les Chrétiens , mais également pour tous les Français je crois.
JW : et vous pensez qu'il y a une dimension presque mystique dans ce geste qui doit être en quelque sorte imité, peut-être pas juqu'au sacrifice suprême , mais par les Chrétiens aujourd'hui ?
Mgr. A : Mystique, je dirais pas parce que là on entre dans le domaine de la transcendance , je ne sais pas si le Colonel Beltrame avait voulu effectivement faire un geste mystique , en tout les cas il a peut-être agit effectivement en raison de sa foi, la question de se soucier des autres, de faire attention aux autres , et d'être prêt à risquer sa vie pour les autres ..c'est profondément chrétien oui bien sûr.
JW : .. Alors au cours de son éloge funèbre le Chef de l'Etat a parlé de l'islamisme souterrain qui est devenu, a-t-il dit , une sorte d'ennemi insidieux, est-ce que vous partagez ce constat, est-ce que l'islamisme pour vous progresse en France, et en quoi le dialogue avec l'Islam peut contenir ce phénomène ?
Mgr. A : je suis souvent allé en visite pastorale, vous savez quand j'étais évêque de Nanterre, je suis allé à Gennevilliers,, je suis allé à Villeneuve-la-Garenne où j'ai rencontré les imans, je suis allé dans la Mosquée pour rencontrer les autorités et le dialogue est très bon à ce niveau là, mais les imans eux-mêmes disaient que leurs jeunes, beaucoup de leurs jeunes, ne viennent plus à la mosquée , ils vont se former à un autre type d'islamisme sur internet, et ils n'ont plus la main la-dessus, et la question c'est comment on fait pour récupérer ces jeunes ...
JW : et comment on fait précisément ?, est-ce que vous à votre place vous avez un rôle à jouer justement dans ce dialogue, est-ce que vous incitez les musulmans à s'organiser différemment , quelle est votre préconisation ?
Mgr. A : en tout cas les musulmans m'arrêtent souvent, vous savez je suis un peu repérable das le métro, dans le RER, et les musulmans m'arrêtent souvent pour me demander : "est-ce que je peux vous poser des questions ? ", ce que je fais bien volontiers , la conversation est toujours tout à fait paisible et ils me remercient d'avoir parlé de Dieu, donc je crois que le dialogue doit se faire non seulement sur les institutions, mais sur la capacité de parler de Dieu, c'est à dire de théologie, et là effectivement ont peut se rejoindre, il faut pas croire qu'il puisse y avoir de l'agressivité dans ce type de dialogue.
JW : Alors comment vous expliquez-vous, dès l'instant que les responsables des grandes religions se parlent, et que la défiance entre les membres, entre les fidèles de ces religions, elle .. elle a plutôt tendance à s'accentuer ?
Mgr. A : Non je ne dirais pas la défiance, il y a des lieux effectivement, des zones de non droits que l'on connait, et dans ces zones de non droits on ne sait pas trop ce qui se passe, enfin si nous arrivons à savoir ce qui se passe, l'important c'est ce qui se passe sur le terrain, dans les cités, les cités, parce que le dialogue effectivement c'est assez simple, mais comment les gens font attention les uns aux autres , comment on se rend des services mutuels, c'est ce que je voyais jadis quand j'étais médecin dans ces cités là, les gens ne regardaient pas leur religion, ils se rendaient vraiment des services, aujourd'hui on voit qu'il y a un recroquevillement des communautés.
JW : Alors cette semaine, l'autre nom qui a marqué les esprits c'est celui de Mireille KNOLL, cette dame juive de 84 ans qui a été assassinée pour des motifs de haine religieuse. De l'antisémitisme, vous l'avez dit, vous avez repris les mots de Jean-Paul II " est un crime contre Dieu et contre l'humanité", comment pouvons-nous en 2018 prévoir selon vous les préjugés sur les juifs qui reviennent dans les commentaires et dans certains actes ?
Mgr. A : alors il y a déjà sur le Diocèse de Paris une longue amitié fraternelle avec la communauté Juive qui s'est instaurée depuis longtemps, donc nous nous rencontrons souvent et je crois c'est dans ces rencontres, dans ces rapports d'amitié que l'on arrive à se connaître et à s'apprécier, l'important c'est d'arriver à restaurer une estime mutuelle, je crois que c'est d'abord cela, et à ce niveau là que ça se fait, quand on connait les gens on dépasse simplement les préjugés , les a priori, que nous pouvons avoir sur telle ou telle communauté, de rencontrer des personnes je crois qu'il n'y a rien de tel , et donc organiser des lieux où on puisse se rencontrer, discuter, sympathiser , ne serait-ce qu'autour d'un verre, de quelque chose de conviviale.. ..
JW : Alors, vous l'avez dit il y a quelques instants, on change de sujet, vous êtes médecin de formation , beaucoup de gens le savent, vous avez exercé notamment à Colombe près de Paris, mais vous avez suivi aussi et animé des formations de bioéthique médicale, et sur ces sujets là aujourd'hui l'Eglise manifeste des inquiétudes, notamment sur la PMA, qui pour vous est un prélude à la GPA, la gestation pour autrui, pourquoi êtes vous inquiets alors que se tiennent en ce moment les assises de la bioéthique ?
Mgr. A : .. C'est pas seulement sur la PMA, sur la GPA , c'est sur l'ensemble de la réflexion sur la bioéthique. C'est-à-dire que : " Quelle société voulons-nous construire ? ", c'est la question posée par les Etats généraux , c'est exactement la nôtre, ... quel 'homme ? qu'est qui fait que l'homme garde sa dignité? , pourrons nous protéger à la fois les enfants ? , c'est tout la question de la PMA, de la GPA, mais aussi de la fin de vie, mais aussi de l'intelligence artificielle, quelle est la place de l'homme dans tout cela ? ,et c'est une réflexion de fond.....
JW :..... et très importante, vous ne souhaitez pas que la société évolue, par exemple sur la fin de vie, que répond l'Eglise à une personne qui de sa pleine initiative et avec toute sa tête refuse d'aller vers la souffrance, l'ultime, et préfère demander qu'on lui donne la mort, ça été le cas très évoqué de l'écrivaine Anne Bert, vous êtes médecin , quel est votre regard ?
Mgr.A : bien justement c'est le fait que je sois médecin , vous savez tous ceux qui travaillent dans les soins palliatifs ..... ont fait un message pour dire que la plupart des gens quand ils sont vraiment pris en charge ne demandent pas l'euthanasie
JW : quand ils la demandent ? .......
Mgr. A : quand ils la demandent ?, eh bien moi justement j'avais beaucoup de patients qui avaient une dépression , qui ont demandé à se suicider, moi je soignais leur dépression voyez c'est comme quand quelqu'un est au bord d'un pont, soit on le pousse, soit on le retient, mon premier geste moi c'est de le retenir, effectivement il peut avoir envie de finir sa vie, mais il faut lui donner des raisons de vivre, la question c'est que la solution n'est jamais la mort, je crois franchement que la solution n'est jamais la mort.
Quand j'étais jeune étudiant , un matin j'arrive à l'hôpital, j'étais externe, un monsieur hurle, alors je me précipite, il me demande "Tuez-moi, tuez-moi", ce monsieur on lui avait coupé la jambe à cause d'un gangrène, alors j'étais transpirant, complètement démonté, et puis finalement bien sûr on l'a soulagé , 4 heures après je suis passé, il m'a dit " heureusement que vous ne m'avez pas fait ce que je vous ait dit " , et c'est là que j'ai compris que effectivement quand on souffre atrocement la seule solution c'est la mort, mais la réponse de la médecine c'est pas de donner la mort, la réponse de la médecine c'est de soulager pour que justement il n'y ait pas cette mort.
JW : Alors une dernière question, à laquelle vous allez devoir répondre très vite je suis désolé, vous avez dit tout à l'heure "nous sommes pour les chrétiens Vendredi Saint à 2 jours de la Fête de Pâques , pourquoi c'est considéré comme la Fête la plus importante pour les Chrétiens ?
Mgr. A : la plus importante je crois pour le monde entier parce que c'est le jour où l'amour a triomphé de la haine, le Jour de Pâques, et où la vie a triomphé de la mort et nous sommes vraiment en pleine actualité.
JW : Merci Monseigneur Michel Aupetit , bon weekend , bonnes fêtes de Paques ( c'est à vous Laurent ..) et très bonne journée.
Mgr. A : Merci et très bonne journée à vous deux également.
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